Quelques exemples illustrés :

Nuits Indiennes, Scherrer

Les héroïnes de Nuits Indiennes semblent tout droit sorties d’un tableau de Gustav Klimt, baignant dans des volutes et motifs organiques dorés typiques de l’œuvre du peintre viennois.

Opium, Yves Saint Laurent

Telle une Odalisque de Matisse, vêtue d’une simple guêpière, Kate Moss prenait la pose pour Opium, quelque temps après avoir fait la une des journaux pour une affaire de consommation de stupéfiant..   De la Grande Odalisque d’Ingres à la Vénus de Milo, Le louvre a fait réaliser une gamme de huit senteurs emblématiques.

Le Musée du Louvre a demandé à des parfumeurs d’interpréter des oeuvres d’art en Parfum.

La Baigneuse de Jean-Auguste-Dominique Ingres 
interprétée par Daniela Andrier (Maison Givaudan)

 
Pensionnaire à Rome, Ingres envoya à l’Académie de Paris cette étude de nu grandeur nature pour témoigner de ses progrès : dépourvu de contexte narratif, sans visage ni rigueur anatomique, ce tableau poétique et délicat déconcerta. L’artiste était très attaché à ce motif qu’il réutilisa par la suite. 
L’interprétation parfumée : écorces de citronnelle de Java tempérées de Néroli. La fraîcheur du lavandin et de la fleur d’oranger se lie dans un bouquet d’iris, d’encens et de patchouli.
« Mon parfum évoque non pas cette femme, mais ce tableau dans sa globalité. Parce que la baigneuse est de dos, ce n’est pas une femme précise, mais toutes les femmes. Cette nudité est voluptueuse, ni indécente, ni déballée. La grâce jusqu’au moment du bain avec ce turban. Le lin frais à une odeur sur laquelle elle est assise. L’eau avec ce robinet… toutes ces évocations picturales sont extrêmement concrètes olfactivement ». 
 
Conversation dans un Parc de Thomas Gainsborough 
interprétée par Dorothée Piot (Maison Robertet)

 
Ce double portrait d’un couple engagé dans une conversation est un exemple remarquable du genre typiquement anglais de la conversation piece. L’artiste et son épouse sont représentés avec les vêtements élégants et les attitudes des classes les plus privilégiées.
L’interprétation parfumée : ronde florale de menthe poivrée, bergamote et essence de rose.
« J’ai aimé cette toile, c’est une scène assez tendre, dans un décor bucolique, une toile gracieuse. Le parc, végétation assez dense, avec cette rose et cet environnement emprunt de fraîcheur. Des roses non épanouies, mais en pétales. Cette dame, y figurant, est délicatement parfumée ». 
 
La Victoire de Samothrace 
interprétée par Aliénor Massenet (Maison Symrise)

 
Le monument de la Victoire de Samothrace date de l’époque hellénistique (3e-1er siècle av. J.-C.). Les sculpteurs grecs se démarquent alors de la tradition classique et changent leur façon de concevoir les sculptures en prenant en compte l’espace tridimensionnel dans lequel elles s’intègrent. Ainsi, à Samothrace, ce n’est pas de face mais de trois-quarts à gauche que l’on pouvait véritablement apprécier la composition du monument, constitué d’une base monumentale en forme de navire sur laquelle se pose la déesse Niké (Victoire). C’est pour cette vue de trois-quarts qu’ont été conçus la large enjambée de la déesse exprimant la force de son mouvement, le déploiement des ailes vers l’arrière ou encore la disposition sophistiquée des draperies.
L’interprétation parfumée : la profondeur de la myrrhe s’entoure de bergamote et d’essence de jasmin. Magnolia et rose se lient délicatement à la tubéreuse.
« Olfactivement cette œuvre représente un bouquet floral, composé de fleurs méditerranéennes (jasmin, fleur d’oranger, rose, magnolia), sans oublier un côté marin et salé car, cette femme se trouve sur une croupe de bateau (bois et myrrhe). Elle est puissante par son drapé, cette force féminine, la Grèce, les ailes, l’envol vers un 7e ciel ».
 
La Nymphe au scorpion de Bartolini
interprétée par Annick Ménardo (Maison Symrise)

 
Un des phares du Salon de 1845, la Nymphe au scorpion fut élaborée plusieurs années auparavant. Mais il est difficile de donner une date exacte à cette création. Une solide analyse de l’élasticité d’un corps féminin, mise en valeur par l’extrême délicatesse du travail du marbre en parfait état de conservation, est ici animée d’un pur visage au graphisme toscan. Le scorpion apparaît clairement sur la terrasse et la jeune fille nue touche son pied à l’emplacement de la piqûre. Ce geste et la très légère ouverture de la bouche sont les seules manifestations de la douleur que se soit permis Bartolini.
L’interprétation parfumée : quintessence de jasmin et d’héliotrope relevée de notes musquées et amandées.
« J’ai tout de suite pensée à un arbre blanc, lisse poli, avec, en illustrations, des notes aldéhydées (mandarine, aux connotations juvéniles), notes métalliques (coriandre) et grand musc pour sa jeunesse de nymphe.  Pour simuler le poison du scorpion, j’ai utilisé de l’amande amère, côté cyanhydrique, qui confère un subtil côté toxique ». 
 


Saint Joseph charpentier de Georges de la Tour 
interprété par Sidonie Lancesseur (Maison Robertet)

 
La Tour éclaire la scène à la chandelle, accentuant l’intimité et la douceur du moment qu’il représente. La lumière fait ressortir les rides de Joseph, rougeoyer les doigts et rayonner le visage enfantin de Jésus, évoquant ainsi sa nature divine.
L’interprétation parfumée : Quaternaire rafraîchissant de bois, baies roses, verveine et cèdre.
« J’ai tout de suite su ce que je voulais reproduire en odeur face à cette peinture. Je voulais à la fois créer un parfum très boisé, chaud pour reproduire le côté sombre et en même temps cette innocence telle une vibration pour reproduire cette lumière incroyable. Je voulais vraiment que ce parfum soit contrasté comme la peinture peut l’être, avec un effet chaud, ambré et une note plus fusante ».
 
 La Vénus de Milo 
interprétée par Jean-Christophe Hérault (Maison IFF) 

 
Découverte en avril 1820 à Mélos (ou Milo) dans l’archipel des Cyclades en Grèce, cette statue représenterait Aphrodite, déesse de l’Amour que les Romains appelaient Vénus. Chef d’œuvre de la sculpture grecque en marbre réalisé par un sculpteur resté anonyme, la Vénus de Milo est datée vers – 120 avant J-C.  La perte des bras et l’absence d’éléments distinctifs ne permettent pas d’être certain de l’identité de la déesse représentée : ce pourrait être également Amphitrite, déesse de la mer, particulièrement vénérée à Milo.
L’interprétation parfumée : parfum intense de mandarine lié à la délicatesse du jasmin. Une brassée enivrante de notes ambrées et boisées.
 « J’ai imaginé la Vénus comme un parfum floral. C’est un éloge de la féminité. Elle représente la déesse de l’amour. Son corps féminin est volontairement mis en avant. D’un côté un bouquet de notes florales et en même temps, il s’agit de marbre : matière froide, pause hiératique, pas d’expression de visage. J’ai donc tenté de retranscrire ce sentiment en parfum avec une structure ambrée, boisée, moderne ».
 


La grande odalisque de Jean-Auguste-Dominique Ingres 
interprétée par Domitille Michalon-Bertier (Maison IFF) 

Ce nu grandeur nature est la représentation imaginaire de l’esclave d’un sultan ottoman. Par son attitude sereine et sa peau veloutée, elle est l’héritière des Vénus peintes à la Renaissance à Venise. Ingres consacre ses soins à la pureté des lignes, s’émancipant de toute vérité anatomique.
L’interprétation parfumée : accords d’encens et de poivre rose rehaussés de notes musquées intenses.
« La Grande Odalisque symbolise toute la beauté, tout l’esthétisme. Il y a à la fois cette peau qu’on voit parce qu’elle est complétement dénudée et tous ces tissus très riches, très lourds. Tout cet orientalisme qui est très subjectif ».
 
Le Verrou de Jean-Honoré Fragonard 
interprété par Delphine Lebeau (Maison IFF) 
 

Simple scène de genre dans l’esprit grivois de l’époque du roi Louis XV (1715-1774) ou tableau d’histoire moralisant ? Le tableau représente l’amour profane, opposé à l’amour sacré de son pendant. Sa facture lisse et l’usage d’un puissant clair-obscur marquent un tournant dans le style de Fragonard.
L’interprétation parfumée : fleur de lys triomphante sur lit impérial musqué.
« Ce qui m’a semblé intéressant c’était ce côté « odeur de l’interdit », un peu scandale, à la limite du sulfureux. Ça entraîne tout un tas d’associations d’idées qui olfactivement se traduisent par le lys, la pomme et la châtaigne. Le lys était évident avec son côté très capiteux, très chaud. La fleur du scandale : un côté floral féminin et un côté épicé ». 

 

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La Voix du parfum Le Mag

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