AKRO à l’Outrance

Il fallait oser : cigarette, cannabis, sexe, chocolat, caféine, alcool … autant d’addictions racontées en parfums. Comme un pied de nez à une certaine parfumerie traditionnelle, la marque AKRO s’engouffre avec désinvolture et délectation dans les excès et les interdits pour enfin « casser les codes ».

Ces six jus – Haze, Awake, Smoke, Dark, Malt et Night – sont l’oeuvre d’un maître-parfumeur français fasciné par une génération internationale aux désirs inassouvis, aux dépendances excessives, aux plaisirs sans limites, aux obsessions languissantes.

Olivier Cresp laisse ici aller sa créativité en lâchant-prise face aux saveurs et odeurs aux contours omnubilants. Sa fille, Anaïs, lui a demandé de transformer en parfums ce cocktail d’addictions que son gang revendique, « assumant leur droit à la jouissance et à l’outrance ».

Ensemble, le père et la fille ont donc créé leur marque arrivée sur le marché en janvier 2019. AKRO, quatre lettres qui résonnent comme un cri de ralliement lancé à tous les accros de la planète.

Provocateur, curieux et entreprenant, toujours en quête du parfum idéal, le créateur se dit ici « guerrier de la parfumerie ». Il revendique audace et plaisir, comme en écho au bon mot de Jean-Paul Guerlain : « Si l’amour est un péché, un bon parfum est ce qui vous pousse à le commettre » !

« Imaginer ces jus m’a permis de me dépasser. On est dans les excès, sans limites, ni dans les dosages ni dans les ingrédients. Je me suis fait plaisir ». Et cela se sent.

Chef de file d’une parfumerie épicurienne depuis qu’il créa la famille des notes gourmandes, avec Angel de Thierry Mugler en 1992**, Olivier Cresp – maître-parfumeur chez Firmenich depuis 2006 – n’a rien perdu de sa gourmandise, appréciant les bonnes choses à déguster. « Les recettes de ma grand-mère Jeanne, leurs souvenirs olfactifs et gustatifs m’inspirent toujours » raconte-t-il persuadé, comme Victor Hugo, que « rien n’éveille un souvenir comme une odeur».

En témoignent les « parfums régressifs que j’ai créés ces dernières années, ceux qui rappellent la période où on était heureux et insouciant ». Il évoque son enfance à Grasse, dans une famille heureuse de négociants de fleurs où les odeurs de jasmin et de rose tubéreuse, d’arbres fruitiers ont été les premières à l’inspirer : « J’allais récolter des fleurs le matin. Avec de l’alcool acheté en pharmacie, je faisais moi-même mes extractions. Je laissais macérer. Ça sentait bon. Je mettais des petites gouttes dans des pipettes : c’était mes premiers essais. J’allais ensuite dans la fabrique de mon père pour tout sentir : les matières premières qu’il faisait ou qu’il achetait, les molécules de synthèse. Je les connaissais toutes ».

Il se souvient aussi : « Ma mère voulait que je sois avocat. J’ai refusé. Mon père m’a envoyé aux Etats-Unis où j’ai appris le métier de parfumeur. Etre parfumeur était devenu une évidence ».

Plusieurs dizaines de parfums créés plus tard **, le parfumeur n’a rien perdu de son enthousiasme : « Ma passion c’est ma vie » confie-t-il, reconnaissant qu’avec le temps et l’expérience « je deviens plus audacieux, plus libre sans doute ! Je suis content d’avoir accompli ce chemin. Mes enfants Anaïs (architecte) et Sébastien (parfumeur chez Firmenich) ont hérité de cette passion. Ma famille m’a transcendé en repoussant mes limites créatives ». Jusqu’où ? Vers d’autres addictions ? Peut-être…

En attendant, il travaille, cherche, pèse, formule encore et encore (plus de 600 fois pour Angel), jusqu’à parvenir au parfum idéal. Au risque d’assumer une certaine frustration. Peu importe, « l’essentiel est que mes parfums soient portés. Je ne les imagine pas sans leur sillage. Alors rien n’est plus plaisant que de les reconnaître au détour d’une rencontre inattendue ».

« Le parfum doit être un plaisir pour soi et pour les autres » poursuit le créateur qui aime travailler en équipe, transmettre à la jeune génération qui prend la relève ». Il poursuit : « celui ou celle qui le porte a davantage confiance en lui et peut affronter le monde. On peut même tomber amoureux d’un parfum, avoir un choc émotionnel comme ce fut mon cas avec Shalimar quand j’étais jeune. On peut être addict d’une odeur, d’un parfum au point de ne plus pouvoir s’en passer ».

Encore une addiction…Et la vôtre, Olivier… quelle est-elle ? « Le chocolat noir, avec 85% de cacao … mais j’arrête demain ». Vraiment ?

* un patchouli gourmand avec du miel, de la praline, du chocolat, à l’origine des notes Veltol

** Son empreinte aussi créative que talentueuse est marquée – entre autres – par Angel de Thierry Mugler,

Dune pour Homme (Dior), Kokorico (Jean-Paul Gauthier), Ange ou Démon (Givenchy), Midnight

Poison (Christian Dior), Place Vendôme (Boucheron), Black XS (Paco Rabanne), Nina (Nina Ricci), Black

Opium (Yves Saint Laurent) etc

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La Voix du parfum Le Mag

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