Des fleurs à parfum généreuses

L’une est muette, l’autre bavarde, les deux sont délicates et leur silhouette comme leurs secrets séduisent et inspirent. Occasion de les raconter en parfum et histoires

Le muguet en parfumerie 

La note de muguet est fréquemment utilisée en parfumerie fine mais aussi pour parfumer les produits d’intérieur. Le muguet est arrivé du Japon en France vers le Moyen-Âge. En France, la tradition du muguet qui porte bonheur est née durant la Renaissance. Après avoir reçu lui-même un brin en signe de respect, Charles IX a eu envie de la prolonger. Dès le XVIe siècle, la senteur du muguet est très appréciée. On appelle d’ailleurs « muguet » un jeune homme chic et distingué. 

Le Parfum du Muguet by Dior 

Christian Dior en a fait son emblème. Il en offrait à ses employés. Il organisait des des « bals au Muguet » avec, comme dress-code, des tenues blanches et un brin de muguet à la boutonnière !  Le muguet était sa fleur fétiche. Il en cachait dans l’ourlet des mannequins de haute couture les jours de collection. Pour lui, le muguet était plus qu’une belle floraison – c’était un symbole de chance et de prospérité. 

Christian Dior rêvait d’en capter le parfum. Il le réalisa avec « Diorissimo », une ode au printemps et à la jeunesse jouée en solo par un muguet réinventé. 

Il dédia sa fleur porte-bonheur, le muguet, comme thème de sa collection Haute Couture Printemps/Été 1954. Cette collection présentait des designs élégants qui incorporaient le muguet de manière complexe, mettant en valeur l’amour de Dior pour la fleur. 

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Le muguet est une matière naturelle délicate et compliquée à exploiter. Les fleurs de muguet ne peuvent pas être extraites ni distillées pour obtenir des essences odorantes 

On peut cependant utiliser d’autres essences pour sa reproduction. On emploie souvent le muguet comme note de cœur de fragrance féminine mais en forme synthétique. De nombreux parfums de la famille florale sont accentués avec le muguet. 

Certaines fragrances utilisent le muguet en association avec d’autres matières comme le chèvrefeuille, la fleur d’oranger, l’aubépine et le cyclamen dans leur note de cœur. 

A retrouver sur le podcast La Voix du Parfum.

Le muguet By Guerlain 

Chez Guerlain, plus somptueux que jamais en cette année où le Flacon aux Abeilles célèbre son 170ème anniversaire, le précieux Millésime 2023, une édition d’exception, limitée et numérotée, revêt aujourd’hui une remarquable parure en céramique et en broderie, réalisée par deux artisans d’art : Karen Swami, céramiste du sublime, et les Ateliers Vermont, maison de broderie de Haute Couture. 

« Depuis plus de 110 ans, c’est un rituel chez Guerlain que de célébrer la fleur porte-bonheur par une délicate eau de toilette : le Muguet. Le tendre parfum de printemps de la clochette a été interprété tour à tour par les Parfumeurs de la Maison : Jacques Guerlain en 1908, Jean-Paul Guerlain en 1998, puis Thierry Wasser qui a composé la version actuelle du Muguet en 2016 » raconte la Maison Guerlain. 

« C’est une véritable prouesse olfactive que de recréer la fragrance du muguet car cette fleur est dite « muette », il est impossible de capturer son essence. 

C’est donc à la virtuosité du parfumeur que l’on doit la réinvention de cette merveilleuse et si fugace fragrance dans toutes ses facettes. 

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Le Muguet de Guerlain composé par Thierry Wasser, Maître-Parfumeur se teinte de facettes vertes et rosées qui servent d’écrin printanier aux luxueuses matières florales. Absolu de jasmin sambac, essence et absolu de rose sont issus de récoltes spécialement sélectionnées par le parfumeur pour la finesse et la pureté de leurs extraits. Au cœur de ce bouquet, surgit l’illusion olfactive d’un brin de muguet juste cueilli. 

Karen Swami, céramiste d’art, joue avec les éléments pour créer des pièces mêlant jeux d’ombres, modernité et lignes parfaites. 

« C’est cette quête de l’épure qui donne son souffle à ce précieux Millésime 2023 du Muguet de Guerlain ; celle d’une forme naturelle, aux lignes parfaitement épurées, d’une fleur de muguet surdimensionnée en biscuit d’un blanc immaculé en hommage à la clochette porte-bonheur. 

Karen Swami a collaboré pour la réalisation de cette pièce avec les Ateliers de Porcelaine Arquié, manufacture de Limoges labellisée dans le cadre des « Entreprises du patrimoine vivant ». Chacune des 5000 clochettes est ainsi le reflet d’une créativité contemporaine et d’un savoir-faire ancestral » explique la marque de luxe. 

Retrouvons Thierry Wasser parler de son art sur le podcast La Voix du Parfum ici.

La rose au cœur de mai

Hommage à la Fleur de Mai cueillie à Grasse

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Elle se laisse cueillir aux lever du printemps. Sentie, humée, délicatement posée dans le sac de jute, elle rejoindra le parfumeur qui la sublimera en parfum inoubliable. Hommage à la fleur de mai qui, à Grasse, se célèbre, des champs au musée. Poésie, mots et images tentent ici de vous la faire sentir. Un jour peut être y parviendrons- nous, à travers nos écrans ! 

Avec la rose de Damas, la rose Centifolia, ou rose de mai, est l’une des rares roses utilisées en parfumerie. 

Particulièrement odorante, elle est utilisée dès le XIIe siècle à Grasse. À l’époque, c’est une ville de tanneurs, et les artisans utilisent son parfum incomparable pour masquer les odeurs de cuir. Au milieu du XVIIe siècle, on distille la fleur d’oranger dans la région. 

À la fin XXe siècle, la production de fleurs de rose est de 1.000 tonnes. 

C’est entre 1900 et 1930 que les productions de Grasse sont à leur apogée. 

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Aujourd’hui, elle est cueillie quotidiennement pour que la récolte soit la plus fraîche possible avant la transformation dans les plus grandes maisons de parfum. Un ouvrier expérimenté ramasse 5 kg à 8 kg par jour, mais il faut 5 tonnes de fleurs pour un seul kilo d’essence. 

La rose de mai possède une odeur riche et sucrée, profondément rosée et très tenace. La note rosée est l’une des notes les plus utilisées en parfumerie. Elle a encore de beaux jours devant elle en espérant que la pénurie d’eau dans le sud ne la touche pas trop. 

Retrouvez-la avec Diane Saurat qui en parle avec passion sur le Podcast La Voix du Parfum ici. 

 

 

Avec ces quelques vers, la rose est saluée en rimes et rythme. 

Nul besoin de formules ou d’étrange algorythme 

Pour donner au creux de ces lignes le souffle divin 

Que le poète, inspiré et touché, diffuse de ses mains. 

 

 « Mignonne, allons voir si la rose 

qui ce matin avoit desclose 

sa robe de pourpre au soleil, 

a point perdu ceste vesprée 

les plis de sa robe pourprée, 

et son teint au vostre pareil. 

 

Las ! voyez comme en peu d’espace, 

mignonne, elle a dessus la place 

las ! las ses beautez laissé cheoir ! 

ô vrayment marastre nature, 

puis qu’une telle fleur ne dure 

que du matin jusques au soir ! 

Donc, si vous me croyez, mignonne, 

tandis que vostre âge fleuronne 

en sa plus verte nouveauté, 

cueillez, cueillez vostre jeunesse : 

comme à ceste fleur la vieillesse 

fera ternir vostre beauté. » 

Pierre de Ronsard (1524-1585) 

 

 

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