Le Musée National de la Marine à Paris et le département Marketing et Publics préparent une expérience de visite unique et engageante pour ses futurs visiteurs.

Le musée développe un projet unique et innovant pour faire de la visite une véritable expérience sensible de la mer à Paris : une signature olfactive marine conçue sur mesure par Nathalie Lorson, Maître Parfumeur chez Firmenich. Une expérience olfactive autour de l’odeur de l’Océan en collaboration avec le Studio Magique.

Comment recréer l’odeur de l’océan ? La pleine mer à portée de nez… au Musée de la Marine

Nathalie Lorson, nous explique comment recréer l’odeur de l’océan pour créer une sensation olfactive des Embruns.

« Sillage de mer »

Elle raconte :

Créer une identité olfactive pour le musée national de la Marine, c’est pouvoir exprimer une ambiance olfactive universelle qui soit une ode à la force de l’océan, à son immensité et à l’énergie vivifiante de l’eau. Elle plonge les visiteurs dans une parenthèse de fraîcheur, en leur donnant un sentiment immédiat d’évasion et de liberté absolue. La signature finale est vraiment abstraite. On est en pleine mer, balayée par le mouvement des vagues. Les embruns chargés d’iodes tourbillonnent puis le calme revient et là, c’est du bleu à l’infini ».


Les embruns iodés du bord de mer, le vent frais et revigorant du grand large, la peau salée sur la plage…

L’imaginaire marin est imprégné de senteurs qui lui sont propres et convoquent les souvenirs. Ce sont ces sensations et émotions communes à tous, mais aussi individuelles, que le musée veut faire naître chez les visiteurs. Grâce à ce lien olfactif avec la mer, la visite est enrichie d’une dimension sensorielle forte, faisant du musée un lieu de vie familier et accueillant.

Embruns, mer agitée ou cale en bois ?

Le parfum est composé d’algues d’origine française associées à des matières synthétiques dont certaines issues de la chimie verte avec 20% d’ingrédients upcyclés. L’absolu d’algue, matière première naturelle, a été choisie pour son évocation de la flore marine. Elle renforce l’idée de salé, d’embruns chargés d’iode et apporte une subtile tonalité
verte. L’absolu d’algue est associée à la calone, une molécule pionnière qui a permis de composer les accords aquatiques.


Nathalie Lorson a également souhaité faire un clin d’œil à l’ambre gris, une matière première à l’odeur très élégante. Longtemps utilisée en parfumerie, elle provient d’une concrétion qui se forme dans l’intestin du cachalot et est rejetée par l’animal sur les plages. Pour le substituer, la Maître Parfumeur a utilisé l’Ambrox® Super, une molécule de synthèse 100% renouvelable et facilement biodégradable, qui apporte à la composition cette empreinte ambrée et charnelle avec des tonalités minérales et musquées.

A découvrir à plein nez très prochainement…

Qui est Nathalie Lorson ? Rencontre

Que diriez-vous pour vous présenter ?

Je suis chez Firmenich, je suis maître parfumeur et je travaille avec Firmenich depuis 20 ans. J’ai eu une autre vie chez IFF pendant 15 ans, et j’ai débuté chez Roure à l’époque dans les années 80, où je suis restée 7 ans.

Vos origines lyonnaises, puis votre passage à Grasse dans la société Roure, ainsi que votre père chimiste, tous ces petits critères vous prédestinaient-ils à être parfumeur ?

J’ai passé mon enfance à Grasse, je suis arrivée j’avais cinq, six ans et effectivement j’ai été bercée dans la culture Grassoise et la culture de la parfumerie ; quelque part, ça a été une évidence pour moi de rentrer dans ce beau métier.

Quelle est la senteur que vous avez en mémoire de cette époque-là ? En vous promenant, en travaillant, est-ce qu’il y a des parfums, des senteurs qui reviennent naturellement à votre mémoire ?

Quand je pense à mon enfance et à Grasse, ce qui me vient en tête c’est l’odeur du mimosa, des collines de Tanneron, dans l’arrière-pays grassois. Au mois de février on allait se balader avec mes parents et on ramassait du mimosa, c’était fantastique.

Est-ce que ça a influencé ou est-ce que ça influence encore votre manière de créer ?

Ma manière de créer je ne sais pas, c’est un peu difficile à dire. Je pense que le fait d’avoir quand même passé du temps à Grasse près des matières premières à joué. Chez Roure,  j’avais mon bureau et derrière ma fenêtre passaient les camions chargés de rose, de ciste, de feuilles de violette, toutes sortes d’ingrédients qui étaient traités dans l’usine. Ils ont certainement influencé ma façon de travailler.

Autre environnement et autre nature qui vous a entourée : quand vous êtes arrivée en Lozère pour IFF, là c’est l’immersion dans un autre monde !

Ce voyage en Lozère a été très instructif, parce que quand on utilise les matières premières (absolues naturelles) ; on ne réalise pas forcément ce qui se cache derrière : tout le travail, le savoir-faire et surtout la préciosité, en fait de ces ingrédients.

Quand on va par exemple en Lozère où j’ai vu la récolte des narcisses, ce sont des champs à perte de vue de narcisses, on se dit déjà qu’il faut ramasser les fleurs. Ensuite il faut les traiter et là on a vraiment la dimension de préciosité de ces ingrédients quand on les utilise.

Vous avez rejoint le domaine de la parfumerie fine « Fine Fragrance » : quels ont été les enjeux quand il a fallu aborder cette partie de la parfumerie ?

Effectivement, j’avais commencé mes classes en travaillant sur tout ce qui était produit d’hygiène, les savons et les produits pour la maison. Quand j’ai rejoint l’IFF, j’ai changé de registre et je suis partie travailler dans la parfumerie fine. Il a fallu se recalibrer d’une façon un peu différente, les écritures de formule sont différentes, on réapprend à travailler dans un contexte et un cadre un peu différent. Cependant c’était très enrichissant, parce que quelque part c’est un nouveau challenge qui permet en utilisant, quand même tout ce que j’avais appris avant, de faire des choses nouvelles et différentes.

Vous arrivez chez Firmenich, d’autres enjeux, d’autres défis dans cette grande société de composition.

Firmenich c’était vraiment quelque chose qui m’avait toujours intéressée. C’est une société dans laquelle j’ai toujours rêvé d’être et en particulier pour les parfumeurs, je dois dire que c’est une société qui a des matières premières extraordinaires.

L’idée, c’était vraiment d’aller travailler avec tous ces produits, qu’on n’avait pas l’opportunité de travailler, quand on était dans les sociétés concurrentes. Ça a été un bonheur pour moi de découvrir tous ces trésors !

Une nouvelle façon de penser, une société familiale, une vision à long terme, un management très engagé sur le long terme, une grande application.

Dans cette société vous avez été nommé maître parfumeur et votre rôle est d’incarner l’essence de Firmenich qu’est-ce qu’on peut entendre derrière ce mot qui est à double sens du coup ?

Le fait d’être maître parfumeur a été pour moi un très grand honneur parce que ça récompense toutes ces années de travail et de succès. Ça récompense aussi une façon d’être, une façon de penser.

Mon rôle en devenant maître parfumeur, c’est de porter la société Firmenich au plus beau et aussi de transmettre aux jeunes générations mon savoir-faire ; de partager toutes les choses que j’ai apprises au cours de mes années.

Le rôle de la transmission est très important pour vous. Vous avez une signature, un style qui vous est propre ?

Certainement je pense que chaque parfumeur a sa propre signature, on essaye quand même de travailler, enfin moi en ce qui me concerne, j’essaye de travailler avec des matières différentes. Il doit y avoir un style d’écriture comme les peintres, comme dans tous les arts, je pense qu’on retrouve un trait.

Dans ces matières premières que vous citez, il y en a peut-être quelques-unes qui reviennent fidèlement, est-ce que vous les avez identifiées ?sac roses

Il y a des matières que j’affectionne plus ou moins évidemment, j’aime bien tout ce qui est un peu musclé, j’aime bien la rose, j’aime bien la vanille, les baumes, les choses un peu rondes, un peu douces.

Mais je dois dire que moi ce qui m’amuse dans mon travail, c’est surtout d’aller chercher des matières que j’aime moins et d’essayer de faire en sorte que j’arrive à les travailler pour qu’à la fin elles me plaisent.

Je dirais qu’à chaque fois le challenge, c’est d’aller dans tous les recoins pour aller trouver des choses différentes, on est tout le temps à rechercher de la nouveauté.

Vous disiez à l’époque de votre nomination / reconnaissance que vous étiez chercheur d’or, chercheur de pépites.

C’est ça chercheur d’or !

Parfois on trouve de la poudre d’or et pas souvent des pépites mais moi, ma recherche, c’est ça !

C’est d’aller chercher la pépite.

L’identité de vos parfums, est-ce que parmi les mots clés il y en a qui sont plus évocateurs ? Je vous dis : sensualité, subtilité, rondeurs, douceur, délicatesse, autre….

Peut-être l’addiction.

Je trouve qu’aujourd’hui ce qu’on recherche dans un parfum c’est d’avoir une addiction et à cause de cette addiction on ne va pas pouvoir se passer de son parfum, donc quelque part ça c’est vraiment le Graal.

Tout à l’heure vous avez cité la peinture, de quels autres arts, vous sentez-vous le plus proche ? Les arts au sens large : théâtre, écriture, peinture, musique, cuisine, mode, autre…

La cuisine, j’aime bien les associations de goût ! Quelque part la façon dont on travaille, j’imagine dans la cuisine, est très similaire à ce qu’on fait nous en parfumerie. Le visuel, pour moi est hyper important, les couleurs, les formes, donc effectivement la peinture, la photo ce sont des choses qui me parlent beaucoup.

Vous pratiquez l’un de ces arts ?

Non pas vraiment, je ne suis pas très douée.

Je fais de l’art floral, j’aime bien associer différentes fleurs avec des couleurs, des formes ça reprend un peu tout ça.

Dans votre travail, vous utilisez beaucoup ce mot-là, vous travaillez en équipe. C’est quelque chose que vous avez affectionné particulièrement ?

Oui c’est important de travailler en équipe surtout quand on travaille sur des projets pour des grandes marques. Souvent ce sont des projets qui vont durer très longtemps, plusieurs années, avec des enjeux financiers extrêmement importants.

C’est quelque part plus facile, mais ce n’est pas le mot juste, disons que ça rassure de savoir qu’on a d’autres collègues qui vous épaules dans le développement de ces projets qui peuvent durer trois, quatre, cinq, six ans. C’est une bonne réassurance et ça permet à des moments où vous êtes un petit peu bloqué, parce que vous êtes trop dans votre formule, d’avoir un regard extérieur qui peut débloquer de nouvelles idées. Ça donne beaucoup de dynamisme, de stimulation.

Dans le même temps vous travaillez pour des marques de niche, des marques indépendantes, l’exemple de la maison Violet.

J’aime bien me faire plaisir à travailler sur de plus petits projets avec des enjeux différents.

Travailler des choses en totale liberté, avec peu de limitations de prix, utiliser des matières que peut-être je ne pourrais pas forcément utiliser dans des quantités identiques sur d’autres types de projets. Se faire plaisir et travailler en partenariat, c’est très important. Main dans la main avec les personnes de la marque, comme avec les personnes de chez Violet, où on a vraiment travaillé ensemble sur cette belle marque que c’est trois jeunes ont refait vivre.

orgue à parfumsIls ont réveillé cette belle endormie

C’était un grand plaisir de travailler avec des jeunes qui sont plein d’idées, plein de fougues et plein de d’énergie.

Qu’est-ce qu’ils vous ont appris ces jeunes ?

Se lancer, ne pas avoir peur, le challenge était quand même ardu et franchement c’était incroyable !

Ils sortaient de l’école, ils étaient plein d’enthousiasme, très juste dans leur vision, je trouve ça formidable et très stimulant.

Une autre expérience récente, vous voulez nous en parler : musicologie

J’ai travaillé sur une autre marque avec Fabien Bokobza une marque qui s’appelle Musicologie : une collection de sept parfums.

Les parfums étaient travaillés en corrélation avec des chansons de Michael Jackson ou de Bette Midler, ou des choses qui donnent aussi beaucoup d’énergie et c’étaient les évocations de ses chansons que j’ai mis en odeur.

Est-ce que ces challenges dans la parfumerie de niche vous permettent de renouveler votre palette et comment ?

Ça permet de faire des choses encore plus en liberté.

Je dois dire que même sur des grandes marques, on a finalement quand même beaucoup de liberté, même si cette liberté est dans un cadre.

Dans des marques plus petites là pour le coup on est complètement libre d’utiliser ce qu’on veut et il n’y a pas de limites à ce qu’on peut imaginer.

Cette liberté elle est peut-être relative justement dans le cadre d’un brief. Comment vous réagissez quand vous vous trouvez face à un brief ?

Chaque brief étant tellement différent ça dépend de la marque.

En réalité, aujourd’hui, la liberté j’essaye de l’apprendre.

C’est vrai que sur de grands projets, surtout ceux qui sont internationaux généralement il y a à la fin du projet des tests de consommateurs surtout venant de différents pays ? Ce qui n’est pas toujours évident parce que les goûts ne sont pas forcément les mêmes.

Malgré ça, on peut quand même s’exprimer et trouver des choses différentes, des angles différents, en tout cas moi, c’est ce que j’essaye de faire.

Vous disiez tout à l’heure qu’il y avait des matières qui ne vous plaisaient pas, mais vous alliez quand même les chercher. Comment faites-vous pour éviter les redites, pour aller chercher ces matières un petit peu rebutantes dans un premier temps.

C’est tout l’art du parfumeur d’essayer qu’une matière qui n’est pas forcément au premier abord délicieuse, d’arriver à trouver des angles, des associations, des façons de la travailler pour qu’à la fin ça soit superbe.

Quel serait votre parfum idéal aujourd’hui ?

Ça serait un peu comme chez Patrick Süskind, le parfum d’addiction qui ferait tomber toutes les femmes en pâmoison.

Comment voyez-vous la parfumerie au sens large et peut-être la parfumerie de niche qui semble tirer un petit peu son épingle du jeu.

Je pense qu’aujourd’hui la parfumerie de niche a effectivement été très novatrice il y a une dizaine d’années et je pense qu’il va falloir qu’elle se réinvente pour trouver de nouvelles façons.

Il y a tellement de marques et finalement on est toujours dans le même type d’expression. Il va falloir trouver autre chose, je pense qu’il faut qu’on se renouvelle autrement.

La parfumerie sur les plus grandes marques c’est la même chose, on cherche des choses plus authentiques, plus incarnées, plus typées, plus éco-responsables également. On travaille beaucoup là-dessus, l’éco-responsable, et je dois dire que c’est compliqué parce qu’effectivement ça limite notre palette d’ingrédients. Il faut qu’on arrive à formuler d’une autre façon et ça va nous permettre d’avoir un renouvellement d’odeur. C’est ce cadre qui va nous forcer à aller un peu ailleurs.

Pour terminer qu’est-ce que vous aimeriez dire aux jeunes parfumeurs qui arrivent sur le marché ?

C’est un métier fantastique, absolument extraordinaire mais c’est un métier où il faut travailler, s’accrocher. C’est un métier de longue haleine, il ne faut jamais se décourager. On va obligatoirement arriver à faire des choses fantastiques.

 

 

 

 

Découvrez un autre univers parfum.
La Voix du parfum Le Mag

Inscrivez-vous à notre newsletter !